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5 novembre 2006

Intervention de Gilles LEPROUST Convention des collectivités locales Genève 28/29 oct 2006

Intervention de Gilles LEPROUST

1er Adjoint au Maire d’Allonnes

à l’occasion de la convention internationale des collectivités locales

pour la promotion des services publics

à Genève le 28 et 29 octobre 2006

Dans le champ 1, nous aurons à traiter de l’impact du commerce des services : repenser le service public comme réponse aux défis sociaux, économiques et environnementaux.

Dans notre ville, les inégalités sociales s’aggravent, et cela dans tous les domaines :

Ÿ         Inégalités face au droit au travail,

Ÿ         Inégalités face au droit au logement,

Ÿ         Inégalités face au droit à la santé,

Ÿ         Inégalités face au droit à l’éducation.

Cela se traduit  concrètement à Allonnes, par

          60 % des habitants sont exonérés totalement ou partiellement des impôts locaux

          760 chômeurs soit 15 % de la population active

          378 familles allocataires du Revenu Minimum d’Insertion

Cette situation a conduit les élus de la collectivité  à mettre au cœur de leur préoccupation les services publics, qu’ils soient locaux ou nationaux. Car le constat que nous pouvons faire et qui n’est bien sûr pas propre à Allonnes, c’est la dégradation de l’accès aux droits fondamentaux.

Pour illustrer mon propos, je vous ferai part de deux situations que j’ai pu rencontrer lors d’une récente permanence.

1)      - L’une concerne un couple de retraités dont le mari vient d’être opéré. Le    chirurgien qui est intervenu en clinique avait évoqué un dépassement d’honoraires, sans plus de précision. Résultat, cette famille vient de recevoir la note > 1 380 € !! Voilà l’accès gratuit aux soins, voilà le droit à la santé.

2)      – L’autre concerne un salarié qui vient de traverser une période difficile avec un long arrêt maladie et en conséquence une chute de ses revenus. Le cycle infernal commence alors avec notamment des chèques rejetés par la banque. Mais quelle banque, pas n’importe laquelle, la « banque postale » ! En effet, pour un chèque de 20 € rejeté, ce salarié se retrouve avec 28 € de frais de banque. Serait-ce aux plus démunis de financer la privatisation de ce service public et les profits aux futurs actionnaires ?

Nous avons là deux illustrations de ce que provoque la marchandisation des services publics dans la vie quotidienne des familles populaires dans les villes de périphérie.

Ces exemples nous confirment, s’il en est besoin, à nous tous (élus, citoyens, syndicats, associations, partis politiques) que la question du maintien et du développement des services publics est une question essentielle et que nous devons nous mobiliser. Car l’enjeu est, si je peux me permettre de le résumer ainsi :

            « Dis moi quels sont tes services publics et dans quel état ils sont ?

             Je te dirai quelle société tu nous prépares. »

Dans chacun de nos territoires, nous constatons des remises en  cause profondes des services publics, sous la pression des politiques libérales. Ces services publics qui sont utiles aux populations pour permettre de combattre les inégalités, de tenter tant bien que mal de préserver un certain nombre de droits fondamentaux, apparaissent inacceptables à la sphère marchande libérale. Elle voit là une entrave à la concurrence libre et non faussée.

Elle oppose aux droits des individus, son concept d’égalité des chances. Ainsi, par exemple, la personne qui obtient un logement a de la chance, celle qui est  sur une liste d’attente depuis des mois, elle n’a pas de chance !

Nous ne pouvons, nous ne devons accepter que la vie devienne une grande loterie, où il y aurait que quelques chanceux !

Ce bras de fer que nous connaissons dans nos quartiers, nos banlieues en France, se vit dans chaque banlieue de la planète. Autrement, comment expliquer les offensives de l’O.M.C. via l’A.G.C.S, les directives européennes comme celles des services dites « bolkestein », qui ont la même obsession : faire lever les derniers barrages de résistance à cette vague de privatisation.

Heureusement, face à ces offensives, la résistance s’organise localement, nationalement et internationalement. C’est le cas ces derniers mois avec la forte mobilisation contre les directives Bolkestein, très présente dans le débat en France sur le TCE.

Ce qui m’amène à la dernière partie de mon intervention : quels peuvent être les engagements des villes dans cette mobilisation ?

Modestement, je vais vous faire part de deux expériences de ma commune.

1ère expérience : très rapidement c’est le thème de ce week-end, avec  l’engagement de la commune dans le mouvement  des collectivité hors AGCS, nous avons pris une délibération du conseil municipal déclarant notre ville hors AGCS  comme près de 1000 autres communes en France.

Nous avons depuis créé les conditions d’une information et d’une mobilisation de la population allonnaise.

2ème expérience – les droits fondamentaux : le droit au logement, à l’énergie, droits qui sont particulièrement remis en cause dans nos communes et qui sont à conquérir dans de nombreuses banlieues du monde.

Face aux grandes difficultés et aux conditions de vie des habitants de nos quartiers, et parce qu’il y a parfois des conséquences dramatiques pouvant aller jusqu’à la mort, les élus d’Allonnes ont choisi d’agir et non de subir.

Concrètement, deux arrêtés municipaux ont été pris après consultation et accord des associations locales de défenses  de locataires, de consommateurs, des associations caritatives, des assistantes sociales, du bailleur social installé sur la ville :

Ø      L’un, interdisant les coupures d’électricité et de gaz pour les familles en difficulté économique et sociale sur le territoire de la commune d’Allonnes

Ø      L’autre interdisant les expulsions locatives pour ces mêmes familles.

Ces deux arrêtés n’ont pas été  contestés, dans les délais impartis, par la Préfecture de la Sarthe. Ils sont donc applicables et font loi à Allonnes.

Le premier arrêté a déclenché une procédure auprès du tribunal administratif de la part d’EDF-GDF. Mais il a déclenché également une médiatisation nationale (télévisée, écrite, parlée) et un mouvement  très fort de solidarité de citoyens, d’associations, de syndicats, de partis ou mouvements politiques.

Dans la ville plus d’un millier de personnes ont apporté sous forme de pétition leur soutien à l’initiative.

Enfin, le principal, à mon avis, c’est que depuis 9 mois il n’y a plus de coupures d’énergie sur Allonnes.

Nous avons ainsi fait la démonstration qu’en conjuguant l’intervention d’élus, de citoyens, d’associations, de syndicats, de mouvements et partis politiques, nous pouvions mettre notre grain de sable et ainsi perturber la logique libérale.

Vous aurez l’occasion cet après-midi dans ce champ 1 de débattre de cette question.

Pour conclure cette intervention, je voudrais élargir mon propos, quitter le territoire allonnais, la France, l’Europe et placer ces enjeux au niveau de la planète.

La sortie récente du film « Bamako » d’Abderrahmane Sissako, montre les ravages du libéralisme en Afrique.

Le premier témoin à charge contre le FMI, dans ce film est Aminata TRAORE, ex ministre de la culture du Mali et animatrice du  mouvement alter mondialiste dans ce pays et ce continent. Je me souviens de la force de son intervention à la convention de Liège l’an dernier dans la séance du dimanche matin.

Dans son accusation  du libéralisme, elle dit  notamment, « L’Afrique n’est pas victime de sa pauvreté, mais de ses richesses » et « Arrêtons, d’évoquer sans cesse la pauvreté des africains, mais parlons plutôt de la paupérisation de l’Afrique ».

Ces deux réflexions montrent bien qu’il y a deux positionnements possibles face à cette mondialisation libérale.

Ÿ         Soit l’acceptation pure et simple ou l’adaptation à la marge. On voit au quotidien les drames que cela engendre.

Ÿ         Soit nous contestons ces orientations et mettons en réflexion d’autre choix qui mettent au cœur le maintien, le développement, la création de service public avec une autre utilisation de l’agent.

Notre convention, comme d’autres initiatives, je pense notamment, au Forum Mondial des autorités locales des périphéries en prenant le parti du service public contribue à essayer de défricher de nouveaux chemins et ainsi construire un monde plus solidaire.

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